Nos sociétés sont dominées par une culture de violence. Qu'on pense aux guerres qui ont ensanglanté notre histoire, notamment aux guerres de colonisation et de décolonisation, aux révolutions violentes, aux deux guerres mondiales et aux divers génocides du siècle qui s'achève. Qu'on pense aux jouets de guerre donnés aux enfants dès leur plus jeune âge, aux jeux vidéo faisant l’apologie de la violence importés des États-Unis ou du Japon, aux films de violence à la télévision, mais aussi aux paroles sanglantes de l'hymne national français, la Marseillaise, et aux défilés militaires le jour de la fête nationale.
Pour briser le ressort de la violence, présentée comme nécessaire, légitime et honorable, il faut d'abord prendre en compte toute la réalité de la violence qui pervertit notre relation à l'autre. Il faut ensuite rompre avec les processus de justification et de légitimation de la violence, et montrer que la violence n'est pas une fatalité.
Il faut montrer que la non-violence est une exigence essentielle de la conscience de l'homme, et aussi qu'elle peut constituer une alternative à la violence dans des domaines variés de la vie collective et même des relations internationales : résolution des conflits interpersonnels sans perdant, médiation dans les conflits sociaux, défense civile non-violente, intervention civile etc.
En même temps, il importe de préparer nos enfants à devenir des chercheurs de sagesse. Notre culture est en crise parce qu'elle n'est plus ouverte sur la recherche d'un sens à l'existence de chacun et à l'histoire des hommes. Pour pouvoir visiter notre héritage culturel et celui des autres civilisations, il est notamment nécessaire de réhabiliter la lecture.
Il est urgent également de préparer les enfants à être des citoyens. Une véritable éducation civique des enfants doit s'efforcer de favoriser l'autonomie plutôt que la soumission, l'esprit critique plutôt que l'obéissance passive, la responsabilité plutôt que la discipline, l'émulation et la coopération plutôt que la compétition, la créativité plutôt que la reproduction des modèles, la solidarité plutôt que la rivalité.
Une pédagogie de la paix doit apprendre à l'enfant à ne pas fuir les conflits, mais à les accepter dans un esprit d'initiative et de créativité, afin de rechercher quelle solution positive peut leur être apportée.
Dès l'école, les règles de vie doivent préfigurer celles de la société : la sanction doit être davantage une réparation qu'une punition. Pour que les élèves comprennent le sens des règles, le mieux est de les faire participer à leur élaboration. L'autorité de l'adulte doit bien sûr prévaloir, mais dans un espace scolaire où l'enfant a droit à la parole.
L’IRNC, notamment au travers des travaux de Jean-Marie Muller, travaille sur ce thème depuis longtemps et notre collaboration avec l’UNESCO a été lancée dès 1997. Ce thème a été repris par l’Assemblée Générale de l’ONU qui a déclaré la décennie 2001-2010 « Décennie de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix pour les enfants du monde ». L’IRNC mené une recherche sur l’éducation à la non-violence en partenariat avec l’UNESCO, qui a abouti à la plaquette « De la non-violence en éducation » (2002) ; Nous avons aidé financièrement Jean-Marie Muller à éditer un "Dictionnaire de la Non-violence" (Le Relié Poche, 2005). L’IRNC a enfin travaillé à la mise en place d’un système de bourse pour aider des étudiants qui voudraient consacrer leur thèse de recherche sur la culture de non-violence et l’intervention civile.